dimanche 11 novembre 2018

Claire Etcherelli Elise ou la vraie vie.





















Elise ou la vraie vie,
La distinction évoquée dans le titre ne semble laisser aucune autre alternative, c'est l'un ou l'autre.
Durant le récit transparaît cette dichotomie entre les êtres, les choses.
Jeune fille de province, Elise, passe son temps dans une existence monotone. Entre sa grand mère et son frère, et rêve de la vraie vie.
Son frère, idéaliste, prend le chemin de la ville, la grande babylone, Paris.
Elise le suivra et fera ses premiers pas dans la vraie vie. Dormant en foyer, travaillant à l'usine.
Alors s'ouvre un monde dont elle ignorait toutes les dimensions.
Le combat politico-social sur fond de guerre d'Algérie.
Son frère mène le combat syndical au coeur de l'usine, et Elise découvre les rouages de l'usine, ses codes, ses moeurs.
Et comble du destin elle s'éprend d'un travailleur immigré, algérien.
Des mots doux à l'insu des autres travailleurs, qui voient d'un mauvaise oeil cette relation.
Des rencontres quasi clandestines en ville, en des lieux de rendez-vous qui changent sans cesse, c'est une vraie vie de paria qui commence.
Roman social, en partie biographique, l'auteur aurait travaillé en usine, le récit est basé sur des dualités.
Le racisme illustré par les relations conflictuelles entres les algériens et les français, l’aliénation par le travail à la chaîne, nouvel esclavage d'une classe social défavorisée.
La relation amoureuse sublimée par la personnalité d'Elise, par rapport à ses collègues qui se maquillent outrageusement et sont représentées de manière assez vulgaire.
C'est là que le bât blesse, le récit est truffé de poncifs.
Les ouvriers sont dépeints comme racistes et limités, le travail est une aliénation et les syndicalistes sont représentés comme les briseurs de chaînes.
Les algériens sont les opprimés d'une police toujours violente et menaçante.
Brefs un récit qui prend parti et qui reflète l'état d'esprit des porteurs de valises.
Néanmoins le talent de l'auteur est d'avoir réussi à élaborer une structure habile de son récit.
Comme les parallèles entre l'usine qui aliène, par ses rituels, la vie des hommes, la sonnerie qui rythme les journées de travail, et les sifflets des policiers qui rythment les rafles.
Les cycles de travail harassants et le sommeil qui apaise, par l'oubli, le corps,
On est sans aucun doute au coeur d'une époque, 1958, qui nous révèle que notre quotidien a bien changé, que les rapports humains sont toujours les mêmes, mais c'est la vision et le traitement de ces rapports qui ont changé. 
Critique de 2007.

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