mercredi 29 août 2012

Les lisières de Olivie Adam

Les Lisières
 
 
 
Paul, est un mâle blanc, pleurnichard et quarantenaire.
Mis à la porte par sa femme Sarah, Paul enrage et se replie sur lui même, il erre entre son appartement et les côtes des finistères, la périphérie de la terre, sa fin qui s'ouvre sur l'Océan.
Maladivement amoureux, pertubé par l'éloignement de ses enfants, Paul ne trouve pas les solutions.
Entre virées en canoé sur l'océan, balades sur les sentiers de douaniers entourés de dunes plantées de oyats, Paul rumine.
 
C'est dans la ville de son enfantce V., dans l'Essonne qu'il va être appelé car sa mère va mal.
Les alentours de Draveil sont souvent les lieux de prédilections où se passent les romans de Olivier Adam, il va ici nous dépeindre la banleieue de son enfance, la périphérie urbaine qui constitue la lisière des classes sociales, de ces mondes qui ne se pénétrent jamais.
L'adolescence, les amis, la cité, les parents, la fuite à Paris et l'abandon des amis restés sur place constituent une grosse partie du livre.
Les relations père- fils, les relations mari- femme et père- enfants jalonnent tout le roman, comme un inventaire des années passées.
Les faux- semblants et l'abscence de ce frère, ce secret de famille, ce non-dit qui ne demande qu'à éclater, pour libérer les êtres de leurs chaînes, qui sont bien trop lourdes à porter pour Paul.
 
Adam se situe au centre d'un triangle constitué selon moi de Djian au sommet et de Beigbeder et Houellebecq aux autres points.
Adam écrit bien et c'est un plaisir que d'enchaîner les pages, on est pris dans cette description de la galère des uns, des ennuis des autres et de ces destins que nous connaissons tous.
Adam est inégalable dans sa transcription de la banlieue sud, que j'ai bien connue.
Je dirais qu'il s'agit de zones de non-vie,  à l'instar des zones de non-droits des banlieues nord.
Lecteusr mélancoliques, attention, ce livre peut vous faire basculer, pas d'euphorie, vous n'êtes pas en train de lire le scénario du prochain Dany Boon.
C'est glauque, humide et froid, de quoi donner le spleen à toute une bande de larons en foire.
Le livre pêche sur certains points,notamment la prise de position politique permanente de Paul en faveur d'une gauche de bobos, l'équilibre est rendu par son frère vétérinaire qui incarne l'électeur UMP
de base, entendez riche et éloigné des difficultés des vrais gens d'en bas, étage réservé de droit à la gauche, ce qui me semble être une très mauvaise analyse de la situation, passons.
Il y a l'ombre de la Blonde, fille du Borgne qui plane sur le livre, Adam nous propose une société de bisounours, mixophile et mondialiste.
Mis à part ce qui est pour moi une erreur de traiter le problème de la société sous le prisme de la politique politicienne, Adam a écrit un bon livre égal aux précédents, aussi  troublant et performant.
Il a son style bien à lui, il ne dénote pas dans l'ambiance générale de tous ces auteurs à succès, il oscille entre le désabus,le désespoir et l'éventuelle étincelle qui pourrait rallumer le feu sacré de l'homme moderne assoupi entre deux bières et une coupure pub de TF1.
J'ai entendu que Adam était présenti pour le Goncourt, je trouve cela un peu osé, j'estime qu'il lui faudra plus d'audace, s'éloigner de son centre pour aller écrire aux périphéries de cette littérature un peu convenue, tremper sa plume dans les océans du bord du monde, juste au point d'équilibre avant la chute.

vendredi 24 août 2012

Prélude à l'aventure de Henri Vincenot

Prélude à l'aventure
 
 
Henri Vincenot nous a quitté en 1985, il aurait 100 ans cette année.
La ville de Dijon consacre d'ailleurs en ce moment plusieurs expositions à Vincenot.
Sa fille Claudine a repris le flambeau de l'aventure Vincenot et assure régulièrement des éditions de l'oeuvre de son père.
Prélude à l'aventure est un des premiers écrits de Vincenot.
Nosu avons tous à l'esprit l'image de ce viel homme moustachu, à l'acdent bourguignon bien prononcé, porteur de gilet de laine aux motifs chatoyants.
Dans ce récit, Vincenot a 29ans et va avec se petite famille vivre isolément dans une bicoque en montagne bourguignone.
La vie est spartiate chez les Vincenot, Henri coupe du bois tout l'hiver, la mère assure l'intendance du foyer et les enfants se développent au sein de ce foyer rustique, d'unautre temps.
 
Vincenot a déjà ce tempérament bien trempé, le sang vif, les idées claires et bien arrêtées sur la vie, la nature et les hommes.
Exilés aux confins des montagnes bourguignones, Vincenot s'est lancé un défi, relevé des ronciers et de la ruine, une ferme cistercienne enfouie dans une combe.
 
Il en fait son grand rêve, et pense réaliser au travers de cette oeuvre  son destin d'Homme.
Paganiste quand il observe la nature et ses lois séculaires de vie et de survie, chrétien critique quand il s'agit d'inculquer la prière à ses enfants et de décorer de saints les murs de la maison, Henri Vincenot possède déjà tout le charme qui fera sa faconde et le pittoresque de ses futurs livres.
Ainsi  "prélude à l'aventure " lève le voile sur l'intimité des Vincenot.
Les rudes hivers dans la bicoque, les rapports de l'homme avec cette nature juste, qui paraît à certains hostile, l'amour d'un homme pour sa femme et ses enfants, le souci d'un père sur l'héritage spirituel qu'il laissera à sa progéniture, tout cela dans un style pas encore maîtrisé mais qui évoque avec brio les thèmes fétiches de l'auteur.
L'amour du travail dans la nature, le goût du sacré dans tous les revers que peut faire endurer la nature,  tout cela relié au sacré.
Plaisant à lire, l'ouvrage est ponctué de croquis représentants l'environnement de l'auteur.
Ce livre ravira comme moi les inconditionnels, pourra décevoir ceux qui ne connaissent pas encore l'auteur et qui pourrait se faire une fausse idée de ce qu'est le style Vincenot.
Claudine a-t-elle encore de ces inédits dans ses tiroirs, difficile de ne pas le penser, tant Vincenot semblait prolixe, est ce souhaitable que ses oeuvres soient publiées de manière posthume ?
En tout cas cela m'a fait plaisir de découvrir une nouvelle facette de l'auteur et de me conforter dans le choix que j'a fait depuis longtemps de le considérer comme un de mes auteurs favoris.

lundi 20 août 2012

Les voisins de l'horizon de Didier Cornaille.

Les Voisins de l'horizon




Ce n'est pas un grand secret de savoir que je suis un inconditionnel des romans de terroir, régionalistes, du cru.
Dans ce genre littéraire il y a foison d'auteurs et certains sont plus emblématiques que d'autres, j'y viendrai plus tard.
Que nous propose ici Didier Cornaille, auteur que j'ai découvert par pur hasard au grè de mes pérégrinations ouébiennes.
Avec un nom d'auteur aussi rugueux que la rocaille et aussi dur que la corne, l'entrée en matière patronymique m'avait séduite.

C'est l'histoire d'un bûcheron morvandiau, rustre, fruste, vieil ours mal léché qui n'a jamais mis son nez plus loin que le bout du chemin de son champ ou paissent ses vaches.
Trop content de débiter des stères de bois en veux-tu en voilà.

Soudain des signes apparaissent ! Mal-faisants, mystérieux, singuliers et pour le moins curieux.
Deux traits bien nets et parallèles, rouge et blanc.
Ils apparaissent aux quatres coins du périmétre vital de Lazare.
Il s'agit des fameux symboles des GR, en l'occurrence celui qui relie Saint Jacques de Compostelle.
Des étrangers munis de leurs bardas traversent le pays et si au début Lazare émet des réserves, le bougre se trouve bien vite intéressé et attiré par ses drôles de citadins qui marchent.
De fils en aiguilles, Lazare va vendre ses vaches, mettre la clef sous la porte et partir avec Delphine sa mule et son chien " Le chien " à quoi peut servir un nom pour un chien !

Autant le dire les premières pages sont poussives et comblées de poncifs sur la rusticité campagnarde, mais petit à petit l'auteur se libère et s'engage sans retenue dans son roman.
L'histoire d'un violoneux du Morvan qui raconte ses " balivernes " qui s'est mis martel en tête de rejoindre St Jacques à pied.
Au grès des haltes, des rencontres, des échanges, le destin de Lazare va être tourneboulé par sa rencontre avec Paul, mystique égaré de la ville qui rêve aux destins des bâtisseurs de cathédrales.

Didier Cornaille à réussi l'amalgame des oeuvres de Vincenot " Les étoiles de compostelle ", de Bernard Clavel " L'Hercule sur la place ", Claude Michelet " Des grives au loup " et  Christian Signol pour ne citer que les plus connus.
Le rapprochement avec Stevenson et son voyage au travers des Cévennes avec un âne et omniprésent au travers le la bonhommie de Delphine
Il manque un maître à Didier Cornaille c'est Maurice Genevoix l'irremplaçable.

Au final j'ai beaucoup apprécié ce livre qui retrace le long cheminement d'un homme qui se lève pour marcher, rencontrer les autres et se révéler à lui même et comprendre le sens de sa vie.
Très apprèciable lecture, je recommande vivement.

samedi 18 août 2012

Notre mère la guerre de Maël et Kris





Notre mère la guerre, tome 1 : Première complainte


La der des der en bédé

Très bel ouvrage qui traite d'une enquête menée par le Lieutenant de gendarmerie Vialatte.
Des femmes sont retrouvées assassinées au coeur des tranchées, le contexte de la guerre de 14 sert de matrice à cette histoire poignante, retranscrite par des dessins empreints de poésie, de dialogues qui réhaussent la bédé au rang de  véritable 7 ème art.

Notre mère la guerre, tome 1 : Première complainte

Le dessin est vraiment singulier et retranscrit les tensions, les âffres des conditions de vie dans les tranchées.
Les dialogues ont été soignés et enrichissent l'histoire en la rendant littéraire.

Notre mère la guerre, tome 1 : Première complainte


Ce premier tome est une  belle réussite.

mercredi 15 août 2012

La chasse de décembre de Paul Vialar

La chasse de décembre




Après " L'homme de chasse ", il s'agit du second livre que je lis de Paul Vialar.
" La chasse de décembre " est très différent et dans son style et dans sa narration.
Jean Dagencourt est un jeune homme, fils de petits commerçants Parisiens qui suit son bonhomme de chemin, comme un bâteau suit son erre.
Il travaille à l'école, passe ses examens, puis son père le destine à la reprise du magasin, comme les ascendants l'on fait avant lui.
eulement Jean n'aime pas cette vie de commerçants, il assume sérieusement le rôle qu'on lui a dévolue, sans passion, comme ses amourettes qui passent et qu'ils oublient.

Le père de Jean décède et c'est par ce décès que Jean va naître.
Inéluctablement le commerce va péricliter, et la mère de Jean va elle aussi mourir.
Libéré, et doté d'un petit héritage, Jean va se mettre en quête d'une affaire.
Ses pas le méneront au " Sablier " près d'Etampes.
Il va acquérir une briquetterie dotée d'une longère et de 100 hectares de bois.
Il va faire prospérer ce domaine et rencontrer Betty.
Elle incarne la passion, la liberté et la franchise.
Jean et Betty vont développer le domaine et vivre des années heureuses.
Un jour Betty quitte sans mot Jean, elle est atteinte de cécité et ne veut pas vivre, elle la femme libre, aux dépens d'un autre.
Jean va remonter la pente et au gré des chasses qu'il organise, va rencontrer Armande.
Sérieuse, Sensée, appliquée et fidèle elle apporte avec elle Valentine sa fille issu d'un autre lit.
Valentine la peste qui grandira bon an mal an, qui s'affranchira du respect et qui d'une certainemanière détruira par ses actes égoistes l'harmonie et le bonheur.

Paul Vialar à construit un livre en deux parties qui se font miroir, la passion et la fatalité en première partie, et la raison et l' insouciance stupide dans la seconde.

Un livre qui a peu de chance d'être lu de nos jours, Vailar est tombé dans l'oubli, pourtant il mérite son succès qui je crois fut assez conséquent à l'époque.
Un roman classique qui n'ébranle pas la littérature sur ses bases mais qui évoque avec subtilité les destin d'un homme aux travers de ses passions.

samedi 11 août 2012

L'entrave de Colette

L'Entrave





Second livre de Colette, autant le dire celui-ci est moins abordable dans sa lecture que " Chéri ".
Les amours contrariés d'une artiste qui a raccroché les gants du music-hall et qui passe son temps entre Paris, la Riviera et la Suisse. Une bourgeoise-bohême, avant l'heure, qui flâne au gré de ses rencontres .
Dépitée par sa dernière séparation, Renée va recontrer Jean et tenter de vivre un autre amour, peu- être le seul qu'elle ait jamais vécu au fond.
Renée va devoir apprendre à mettre de l'eau dans son vin, a accepter le licol que Jean par ses habitudes veut lui passer au cou, non sans encombre.
Colette écrit admirablement bien, trop bien.
Par le grand talent de Colette, l'Entrave devient un roman complexe et difficile, je n'ai pas bien saisi ce que représentait Masseau, un mirage vivant, une conscience supérieure et farfelue !
L'Entrave est donc le roman d'une femme amoureuse, d'une certaine manière un roman féminin mais surtout pas féministe.
C'est le deuxième roman de Colette que je lis et il semblerait que la dame soit abonnée aux relations amoureuses difficiles.
Nous verrons la suite de ses romans ...



dimanche 5 août 2012

Chéri de Colette



Je ne me souviens plus ce qui m'a amené à m'intéresser à Colette, s'agit-il d'une chronique dans un journal ?
C'est aussi un nom de rue très répandu dans l'Yonne, l'auteur étant native de Saint Sauveur en Puisaye où se trouve un musée Colette.
Toujours est-il que c'est encore une fois et par conséquent gratuitement que j'ai découvert cet auteur ( désolé mais la réforme de l'orthographe ne passe pas chez moi ), ce titre étant disponible sur Amazon en version numérique et gratuit http://www.amazon.fr/Ch%C3%A9ri-ebook/dp/B005R8FHJE/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1344155137&sr=1-2.

Rien que le nom de l'auteur ne m'enjouait guère, de plus même si maintenant je sais qu'elle est un grand écrivain, on ne peut pas dire que Colette ait actuellement les feux dela rampe pour elle.
Est-elle un peu tombée en désuétude ? Ce serait dommage, mais le temps passe aussi sur livres.

" Chéri " c'est une histoire d'amour entre une femme consciente de son vieillissement, elle a cinquante ans, et un jeune amant d'une vingtaine d'années.
Léa commence a entendre les murs de la maison qui se fendillent, les rides comme des lézardes, les traces que le temps inscrit sur les visages, les tissus qui se détendent et qui augurent l'entrée dans un monde où certains ont évoqué le naufrage de la personne humaine.
Chéri c'est une grande histoire d'amour, c'est de la passion qu'éprouve  Léa envers son jeune amant frétillant comme un gardon et stupide comme un étourneau.
J'ai lu des critiques qui évoquent le destin d'une Cougar du siècle dernier. Quelle stupidité, Léa ne fait pas partie de cette catégorie de personnes.
Elle est digne, subtile et touchante, ce que ne sont pas les Cougars.
De surcroît il s'agit d'une histoire d'amour, de son amour, du seul de sa vie. Elle est née beaucoup trop tôt pour Chéri qui partira vers son destin d'homme jeune.

Une écriture subtile, en délicatesse, un contexte social qui n'existe plus bien sûr, la bourgeoisie parisienne qui n'a d'autres préoccupations que de s'occuper de soi, de prendre les eaux ou d'aller sur la Riviera se ressourcer, tout cela emprunt de courtoisie et de manières. Ce que n'est plus la Riviera, mais cela est un autre sujet.

Ravi par cette auteur icaunaise, et je ne comprends pas au regard de son talent ce silence actuel.

mercredi 1 août 2012

L'homme qui s'évada de Albert Londres




Marche vers le Brésil ou crève ne Guyane via Londres.
Après avoir lu PAPILLON, GRAND SUD, LE BAGNE, je pense avoir fait le tour de la question avec cet ouvrage.
Tous les récits de cette époque se rejoignent un peu et les mêmes événements sont relatés avec plus ou moins d'exactitude, de réalisme et de fiction.
L'emblèmatique PAPILLON qui a été adapté au cinéma avec une pleïade de comédiens talentueux fait référence et semble prêter à caution.
Avec cet ouvrage on retrouve les grandes lignes de ce qui fait le bagne, la servitude, les brimades, les lâchetés, l'espoir, l'injustice et le rachat.
Mais toujours dans ces récits qui sont faits par des hommes exceptionnels, hors norme, il y a l'inconditionnelle soif de liberté, l'indomptable necessité de s'affranchir, d'être un homme libre.
Il y a les grandes figures, et Dieudonné en fait partie. Il déclare être innocent de ce qu'on l'accuse, c'est d'ailleurs toujours le cas, les prisons sont pleines d'innocents à croire que la justice est inique et aveugle, soit.
Ne nous trompons pas, ces " héros " ne représentent qu'une infime partie de ceux qui sont déportés, beaucoup passent et trépassent.
Quand même il y a ce point là-bas, le Brésil qui est la terre de la liberté et du salut et qui alimente tous les rêves, mêmes les plus fous.
Pour y arriver il faut de l'audace et ce petit coup de chance qui fait éviter les escrocs, les bancs de sable, les vases et les chasseurs d'hommes.
Dieudonné a eu une vie incroyable, bagnard innocent il se retrouvera escorté par des policiers pour rencontrer le ministre de la justice brésilienne.
Un récit court, qui est servi par Londres au style clair et précis, jamais de surcharge, journalistes de tous bords prenez en de la graine.