dimanche 15 mai 2011

Au bon beurre de Jean Dutourd


Jean Dutourd qui nous a quitté il y a peu, n'évoquait à la vérité pas grand chose pour moi. Je savais qu'il était académicien, donc inatteignable et qu'il participait fréquement aux " Grosses Têtes " de Philippe Bouvard sur RTL, station périphérique très populaire.
C'est l'actualité de sa mort qui m'a poussé à lire un de ses livres. " Au bon beurre"  m'a semblé le plus emblématique et surtout le sujet m'inspirait.
Nous sommes au coeur de la seconde guerre mondiale, la France est occupée, soumise.
Jean Dutourd s'empare de la vie d'un couple de crémier pour bâtir sont histoire.
Les Poissonard sont de petits commerçants crémier au coeur de Paris et vont profiter de la période d'occupation pour se faire du beurre bien gras.
Il n'y aura aucune limite à leur cupidité, leur mercantilisme et leur déshonneur.
Dénonçant aux autorités les suspects, filoutant en coupant le lait, leur cupidité n'a pas delimite et ne se froisse pas de leur immoralité.
Car sous cette occupation, bon nombre de français se sont pliés, ont courbé l'échine, mis le genou à terre. Peut-on les juger à l'aune de notre époque ? Il en fallait du courage pour résister, s'opposer et combattre.
S'il ne s'agissait que de plier l'échine on n'en aurait pas voulu aux Poissonard. Mais ils bombent le torse, retroussent les manches pour exploiter la situation politique et en tirer profit. Tout est bon, le marché noir, l'expoitation des employés, la dénonciation.
Jean Dutourd donne une dimension de Thénardier aux Poissonard dans le long chapitre dont Josette l'employée  est l'épicentre. De Josette à Cosette il n'y a qu'une lettre, mais Jean Dutourd rend habilement hommage à Hugo tout en étayant la dimension de salauds des Poissonard.
Salopard on a envie de les appeler.
Durant toute la guerre, ils vont allégrement amonceler les millions, s'enrichir, accroître leur patrimoine meuble et immeuble.
La rencontre avec Pétain est superbe de réalité et de fantasmagorie.
On s'attend à une justice, humaine ou divine, même pas.
Par un retournement de veste magnifique, les Poissonard parviennent à passer pour d'honorables résistants, ah ! l'opportunisme.
Les Poissonard auront été de ces gens qui se seront fait du beurrre sur la misère du monde et que rien n'aura déranger, surout pas leur conscience.
Combien sont-ils ces Poissonard ? Où sont-ils ?
Un livre agréable à lire, révoltant, édifiant sur cette méchanceté qui se passe tous les jours s'en que l'on s'en rende compte, sournoise. Un livre écrit en 1952 et qui a du déranger à l'époque.
Je sais que Jean Dutourd a été décrié, mais " Au bon beurre " mérite vraiment la lecture.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire