dimanche 3 mars 2013

Le Tambour du Bief de Bernard CLAVEL


Clavel comme à son habitude met en scène une galerie de personnages ancrés dans leur terroir, à la personnalité marquée, dans une histoire qui pourrait arriver à chacun de nous.
Il développe au travers d'Antoine la question hautement sensible de l'euthanasie.
Clavel a l'élégance de ne pas écrire à charge ou à décharge, il nous laisse avec notre libre arbitre.
Il aborde de front les réalités de la souffrance physique au travers de la grand-mère, également de par les malades dont il a la charge au sein de son hospice, deux types de souffrances, deux issues, l'une institutionnelle et l'autre hors la loi.
Pas de jugement ici, pas de grande théorie, pas d'humanisme mondain, de la réalité brute où quand la mort inéluctable libère les âmes et les familles.
Antoine agent létal ou sauveur et bienfaiteur ?
Il endosse seul la responsabilité de cet acte humain, en a-t-il le droit ? Le devoir ?

C'est toute la question du livre.
Cela sous l'oeil de l'oncle incarnant la tradition patriarcal, gardien de la coutume, du colosse plein d'énergie qui ronge son frein à défaut d'utiliser sa force pour nourrir les siens.
Un bon roman de Clavel qui comme d'habitude use d'une écriture lente, interrogative pour nous montrer toutes les facettes d'un problème qui aujourd'hui fait débat.
Ce livre a été écrit en 1968, il aurait pu l'être aujourd'hui, rien n'a changé, 45 ans de débat pour accoucher d'une souris.
C'est là le gage d'un écrivain de talent, aborder de front les problèmes de société qui finalement n'ont jamais vraiment été réglés et laissés en suspens, comme une patate chaude que tout le monde se refile.

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