C'est le premier livre que je lis de Rufin.
Je n'avais pas d'apriori connaissant peu l'homme.
Je savais vaguement qu'il 'était impliqué dans une ONG, qu'il fut un temps ambassadeur au Sénégal et Gambie mais sans plus.
Je savais qu'il avait eu le prix Goncourt mais je ne connaissais rien de sa production littéraire.
En revanche des livres traitant de Saint-Jacques j'en ai lus et suis fortement intéressé pour un jour faire le pèlerinage.
Bref partons pour ce récit rédigé par un Immortel, excusez du peu.
Dès les premières pages ont est parti sur les pas de JCR, on le suit, on attend chacune de ses remarques, de ses impressions, on le suit comme si nous avions le doigt dur une carte et il nous fait bien partager son pèlerinage.
Le sien car chacun a le sien d'après ce que j'ai lu.
D'emblée il faut savoir que le monsieur ne me semble pas plus catholique que cela.
Mais le mystère du Chemin le rattrape et il laisse son âme se convertir, sinon au catholicisme, du moins à une forme de mysticisme.
Il parle d'état bouddhique pour résumer son sentiment sur les sensations que lui procurent le Camino.
Bien malgré lui, devant les paysages, les rencontres, les lieux religieux, le passage depuis des siècles de pèlerins innombrables son esprit se transforme sans atteindre l'état extatique, mais enfin on sent que le chemin l'enveloppe et le transforme.
C'est dure reste ce que disent toutes les personnes qui l'ont fait.
Je craignais les grandes leçons de morale, les grandes phrases ampoulées, le monsieur étant tout de même médecin, haut responsable politique et pour couronner le tout académicien.
Et bien non ! Son style est simple, les phrases se déroulent agréablement durant toute la lecture.
Il fait saillir parfois, au coin du bois, une idée sur le monde, sur la religion, sur le tourisme de masse. C'est bref et pas du tout moralisateur.
Je craignais le récit d'un intellectuel qui s'approprie le Chemin et le soumette à ses idées. Rien de tout cela. C'est un récit humble d'un homme qui marche seul, avec son sac à dos, qui défèque dans les jardins publics, qui dort dans des hôtels minables ou sous la tente, qui rencontre de vraies gens et échange avec eux.
Ce récit m'a plu et je le conseille à ceux qui veulent connaître l'auteur et ceux qui veulent s'imprégner de Compostelle.