Je garde un très vague souvenir du film réalisé par Carrère avec Daniel Auteuil dans le rôle de Jean-Claude Romand.
L'analogie est facile mais quel roman que ce Romand.
Je confesse que je suis, quelque part, fasciné par ses hommes ou femmes qui parviennent à rouler leur entourage dans la farine à l'instar d'un Roquencourt.
Car Romand a quand même menti durant 18 ans, 18 années de mensonge, de faux-semblants, à vivre sa vie comme un clandestin de lui-même.
Son histoire pré-crime est merveilleuse. Parvenir à faire croire que l'on est médecin à l'OMS, assurer le train de vie en escroquant les uns et les autres, être respecté au sein de sa communauté et de ses amis, chapeau.
Et puis il y a ses crimes, horribles, inexcusables, odieux.
Carrère que j'apprécie par ailleurs parvient à ne pas juger, à ne pas excuser mais à tenter de comprendre.
Il a assisté au procès, échangé des lettres avec l'assassin, a enquêté et son livre est réussi. Jamais il ne fait preuve de mansuétude ni de compassion. Son récit n'en est pas pour autant un compte-rendu de cours de justice.
La dernière partie est fort intéressante et permet de s'interroger sur le devenir d'un spécimen.
Romand est un roubleur, certainement très perturbé et surtout très intelligent.
A-t-il tout dit lors de son procès, j'en doute. A ce jour il est libérable mais semble ne pas vouloir quitter la prison dans laquelle il se trouve et dans laquelle il soigne ses co-détenus et s'occupe de restauration d'images de l'INA.
Lire ce livre c'est pénétrer un peu mieux le quotidien de cet homme, tout n'est pas dit , saurons-nous un jour toute la vérité. Il semble que Romand ce soit tourné vers la religion et semble vouloir expier ses fautes en continuant à vivre. Des vies foutues en l'air pour rien, un vrai gâchis, pitoyable.
Un livre qui se lit vite, 200 pages, un style égal aux autres livres que j'ai pu lire de Carrère. On ne s'ennuie pas, je le conseille fortement.