mercredi 31 janvier 2018

Chemin de Croix de Gianluigi Nuzzi


Chemin de croix par [Nuzzi, Gianluigi]















Dans le genre de livre qui déménage cet opus rempli parfaitement son rôle.
Une enquête qui révèle les arcanes de la curie romaine et surtout ses aspects les plus sombres.
Il met en lumière le Pape François qui vent debout se retrouve presque seul à la barre du Vatican.
Il semblerait, à la lecture de l'ouvrage, que ce pape ait la réel volonté de réformer cet Etat dans l'Etat.
La tâche semble très ardue, voire impossible tant les résistances sont nombreuses et fortes.
Le livre nous apprend que le Vatican brade son argent, que des cardinaux occupent des appartements de plusieurs centaines de mètres carrés pour une poignée de cacahuètes, quelques centaines d'euros par mois de loyer.
Que le Vatican possède un parc immobilier de centaines de milliers de biens disséminés dans le monde.
Que les plus beaux appartements des quartiers chics de Rome sont loués pour une bouchée de pain.
Que l'argent est placé dans des banques qui en usent de manière peut déontologique. L'une d'elle a investi dans ....... la vente d'armes !!!
Que des avantages incroyables sont alloués aux personnels du Vatican sur l'essence, le tabac, l'alimentation.
Que des travaux son réalisés sans appels d'offres avec des prix finaux s'élevant au double de ceux habituellement pratiqués.
Que personne ne rend compte de l'argent dépensé.
Que des membres du clergé ont des vices indignes de leur charge, que certains fréquentent des clubs lubriques. L'auteur nous informe que certains de ses cardinaux sont affublés de surnom du type Jessica ou même Monica Lewinski, je pense que c'est clair !
Bref, une cité bien peu digne des évangiles.
Mais il n'y a pas que cela. Le Vatican est un haut lieu du pouvoir ecclésiastique.
Malgré les audits réalisés par des sociétés laïques qui font comprendre que l'argent est gaspillé, que la réforme des retraites du personnel est primordiale. Car comme tous les états qui embauchent du personnel, le Vatican est confronté au vieillissement de sa population. Le volet retraite concerne des millions d'euros de déficit.
Mais surtout c'est ce fameux pouvoir, ses querelles, ses complots qui effraient.
Il y a des groupes qui divergent et qui font barrage aux réformes que veut appliquer François.
On se rend compte que le Pape a , en fin de compte, bien peu de pouvoir au sein de son Etat.
Benoit 16 s'y est cassé les dents, il y a fort à parier que François également.
Il y a certainement des gens sincères qui gravitent au sein de la curie, animés d'une vraie foi, mais on ne peut éluder le fait que certains sont là pour le pouvoir et ses avantages.
C'est une réalité, le Christ ne s'y était pas trompé, il avait prévenu. Certains n'en tiennent pas compte.
L'auteur peut agacer parfois, il frise le sensationnel, mais difficile d'occulter les comportement déviants.
Il est informé car il cite des extraits de procès-verbaux d'audience.
La question est de savoir qui a eu l'intérêt à ce que ce monsieur puisse écrire ce livre.
Créer une onde de choc ? Lever le voile sur ces déviances pour mieux  pouvoir réformer ?
En tout cas il n'y a pas de hasard, si l'auteur a eu accès à tant d'informations et qu'il a été autorisé à les publier, cela n'a pu être fait qu'avec l'accord des plus hautes instances.
Un livre qui se lit comme une enquête au cœur du pouvoir Vaticanais.
Est-ce qu'il peut dégoûter le croyant ? Non , car chacun sait que ces hauts lieux abritent le pire comme le meilleur. Que la foi dépasse les montagnes d'hypocrisie  pour ne se concentrer  que sur le Christ.

samedi 20 janvier 2018

Sens Interdits de Jacques Saussey

Sens Interdit[S] par [Saussey, Jacques]




















Il y a quelques années je m'étais fait la promesse de ne plus lire de polars.
Le dernier avant cette résolution était Train d'enfer pour ange rouge de Franck THILLIEZ.
J'en avais lu des tombereaux et j'étais lassé.
L'année dernière on m'avait offert un Fred VARGAS, je l'avais lu par politesse et un brin de curiosité.
Aucun polar depuis cette date.
Donc je n'aurais pa su tenir ma promesse car je viens de terminer celui de Jacques SAUSSEY.
Il faut dire qu'il avait tout pour me titiller la rétine.
Effectivement, l'intrigue se déroule à Sens, petite ville de Bourgogne au nord d'Auxerre, sous préfecture de l'Yonne.
Il faut dire qu'il s'en est passé de belles dans ce département très rural, Emile LOUIS, Michel FOURNIRET et d'autres y ont laissé des traces.
Je le confesse jai eu très envie de le lire, et je jubilais à l'idée de suivre une enquête dans cette ville que j'ai connue comme ma poche.
Sur ce point j'ai été très déçu.
L'auteur ne met pas du tout en relief les particularités de cette ville qui a pourtant beaucoup à offrir pour un décor de polar.
Mise à part la rivière, le commissariat de police, une zone industrielle et un pont, rien n'est mentionné de cette ville sur laquelle on n'apprend pas grand chose.
Et pourtant l'auteur doit bien la connaître car il réside à quelques encâblures.
C'est fort dommage.
Je vais néanmoins le dédouaner car il n'avait pas les coudées franches.
J'ai cru comprendre qu'il y avait un cahier des charges à respecter et qu'il n' a pas  pu faire ce qu'il a voulu.
Nombre de caractères limités, est surtout faire vivre le personnage de l'embaumeur dont les histoires sont tissées par d'autres auteurs au sein d'une série, un peu comme le Poulpe.
Au-delà de cette contrainte j'avoue quelques belles surprises mais également quelques regrets.
L'histoire se situe au sein de la société sénonaise, des notables exactement, juge, notaire, avocat, gendarme.
Les enfants de ses personnes sont retrouvés morts.
L'enquête patauge, c'est là que le préfet ! fait appel à l'embaumeur, ex légionnaire devenu thanatopracteur qui va jouer au  médecin légiste et policier fin limier, rien que ça !
Aucune crédibilité à ce niveau. Le préfet n'a aucune emprise sur une procédure pénale, un thanato n'a aucun pouvoir de police. Un peu léger tout ça.
Le second reproche c'est que ce genre d'affaire dans une si petite ville ferait grand bruit, l'auteur passe sous silence cet aspect des choses.
Cette histoire aurait pu se passer dans n'importe qu'elle ville sans que l'on ne s'aperçoive de quoi que ce soit, tant les précisions géographiques sont pauvres voire inexistantes.
Cela m'a énormément déçu, je pensais revivre par procuration quelques instants palpitants au sein de Sens, nada !
Ensuite, comme tout polar, il y a les incontournables, le glauque ( mais pas trop ici), le sexe ( un peu), les calembours un peu gras ( acceptables) et les imprécisions procédurales. Des scènes de crimes ouvertes à tous les vents, des policiers forcément incompétents dont on se rit, et les poncifs habituels du genre.
Je ne suis pas objectif car cela fait longtemps que j'ai abandonné ce style de livre dont la plupart tourne autour du même pot avec les mêmes recettes.
Je sais cela ne doit pas être facile de renouveler le genre, mais que diable, un peu d'efforts.
Je n'ai pas envie de casser Jacques SAUSSEY qui est un auteur passionné et qui met tout son cœur à son ouvrage et toutes ses tripes au service après-vente. Il arpente beaucoup de salons du livre et dédicace dans beaucoup d'endroits.
C'est un auteur que je soutiens en ayant acheté ses livres, mais je suis trop désabusé par le genre pour être dithyrambique.
Mise à part cela ce n'est pas un mauvais livre, il se lit façon page-turner, comme ont dit, c'est rythmé, ça rebondit, dans le genre il y a une logique et au final vous passerez un bon moment avec un polar honnête.


samedi 6 janvier 2018

Le chien du Seigneur de Jean Anglade.




Jean Anglade vient de nous quitter mais ses livres ravirons encore longtemps les lecteurs.
Il a été qualifié d'écrivain du terroir, comme s'il fallait qualifier les écrivains en fonction des salons qu'ils fréquentent. Ceux d'Anglade devaient avoir moins d'ors que ceux des écrivains de la rive gauche.
Il était à mon avis l'un des derniers,sinon le dernier des écrivains qui offraient une littérature populaire de grande qualité. Il avait reçu une formation classique, était agrégé d'italien, avait enseigné durant de nombreuses années en collège, s'était frotté à la vie, la vraie, celle de tous les jours.
Il s'agit ici de son premier roman écrit dans les années 50.
Il relate une partie de la vie d'un dominicain, au passage j'ai appris que cela signifiait Chien du Seigneur en latin, d'où le titre du livre.
Ce dominicain va se faire embaucher au sein d'une usine de pneumatiques. On a aucun mal à deviner qu' Anglade s'est inspiré des usines Michelin.
Le père MOEL s'installe dans un petit meublé, y fait la rencontre de personnes simples dont Anglade tire habilement le portrait. Une veuve, un veillard, un célibataire.
Il prend son poste à l'usine et y fait la découverte d'un monde qu'il ne connaît pas mais que sa vocation pousse à rencontrer.
Les ouvriers postés, les machines, les rythmes de travail, le patronnat, les petits chefs, les us et coutumes de la vie d'un ouvrier, ses joies et ses peines, le syndicat, la CGT pour ne pas la nommer.
Il va devoir se frotter aux communistes qui veulent bouffer du curé.
Bref, partager la vie d'une communauté ouvrières avec tout ses aléas.
Il va découvrir le pécher, celui qui va le perdre d'une certaine manière.
Je veux bien être contredit mais je pense qu'Anglade a été le dernier écrivain populaire, proposant de raconter son pays et ses gens, cela avec talent. Le dernier qui a peut-être comme fils spirituel Christian SIGNOL, et encore.
Anglade avait le talent d'un bon professeur, de celui qui sait transmettre en attisant la curiosité et l'intérêt de son élève.
Au regard de ce premier roman, il ne fallait pas être devin pour savoir que cet auteur aurait une belle carrière.
Anglade était un coquin, il disait un Ave et un Pater avant de s'endormir tous les soirs, il évoquait le Pagano-Christianisme ( notion périlleuse pour moi) .
Bon repos Maître.